Juliette, jeune femme libre et au caractère épicé, envoie une lettre à Roméo pour lui faire savoir ce qu'elle pense des amourettes qu'il lui dédie du pied de son balcon...
Roméo,
Il est parfois arrivé
Dans tes moments d'éperdue solitude
Que mon macadam soit squatté
Par ta présence sans parcimonie ni prélude.
Je te dédie donc ces abscondités
Qui, par le piquant de leurs cactus,
Risquent sensiblement de blesser
Ta virilité digne d'un ridicule Spartacus.
Hier soir, dans mon lit,
Je rêvais gloire et argent, cravate et notaire.
C'est alors que ta voix rauque et amère
Mit un terme à mes délires sans cubiculacetophobie.
Les yeux entrouverts, je me dis :
"Serait-ce encore lui qui toutes les nuits
Ouvre ce malodorant robinet
Qu'est sa bouche mal formée ?!
Au nom du bon Dieu qui a la morve salée,
Je m'en vais toucher deux mots à cet insipide cucurbitacée"
- "Hé ! Toi qui, a l'instar de ta mère trop laxiste,
Te pavane devant moi tel un dindon unijambiste !
Ta pusillanime procrastination entame
Les derniers degrés de tolérance que porte mon âme.
Lorsque ta voix se fait connaître, je m'entends penser :
Encore faudrait-il qu'il susse chanter.
Que ce petit pois qu'est ton cervelas entérine enfin
Qu'aucune de tes courbes, hyperboloïdes à deux nappes et autres dessins
Ne te fera arriver à tes fins."
Je suppute qu'après ces quelques vers
Tu t'enterreras pour quelques temps dans quelque serre,
Étudier la tribologie due à la copulation de deux reinettes...
Oh, et zut de flute, adieu, on m'attend pour une bankeyballinette.
Avec animosité,
Juliette.